Soigner et maximiser le bien-être des patients, quand médecine et méthodes douces se complètent

À l’ère du numérique, les institutions de soins de santé recourent de plus en plus aux nouvelles technologies. Pourtant, certains établissements n’hésitent pas à faire appel à des méthodes qui ne nécessitent que très peu – voire pas - d’outils technologiques et qui sont d’un tout autre ordre. Sans machine ultra-performante ni aucune molécule chimique, ces pratiques non conventionnelles parviennent à séduire de plus en plus d’établissements de soins.

Les pouvoirs du corps

Pratiqués depuis des siècles à l’autre bout du monde, les « arts traditionnels » de santé se répandent aujourd’hui chez nous. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) plaide d’ailleurs en faveur de leur intégration dans les systèmes de soins de santé, afin d’élargir la gamme de soins offerte aux patients. [1] Un appel visiblement entendu par certains hôpitaux belges, qui les intègrent à la prise en charge de leurs patients, à l’image du Centre Hospitalier Universitaire Saint - Pierre (CHU Saint-Pierre) qui a notamment initié ses patients et les membres de son personnel au Qigong.

Le Qigong est un art de santé issu de la médecine traditionnelle chinoise qui existe depuis environ 5000 ans. Aussi appelé gymnastique douce, il implique des mouvements lents du corps, des exercices respiratoires synchronisés avec les gestes et de l’éducation à la concentration. Début 2016, le CHU Saint-Pierre a décidé d’intégrer le Qigong au sein de quelques-uns de ses services afin d’augmenter le bien-être de ses patients, sans pour autant attester de ses vertus thérapeutiques. C’est en partie grâce au Dr Marie-Paule Guillaume, qui pratique elle-même cette discipline depuis plusieurs années, que les patients et le personnel bénéficient des bienfaits de cette pratique ancestrale. Aujourd’hui, précurseur belge en la matière, l’hôpital dispense plusieurs modules de cours aux patients cancéreux, aux patients du CETIM (Centre de référence pour le VIH/SIDA), à ceux fréquentant le centre de la douleur ainsi qu’aux membres du personnel qui le souhaitent. Au vu des échos très positifs donnés à ces pratiques, d’autres hôpitaux pourraient lui emboîter le pas très prochainement.

Vos paupières sont lourdes… 

Lors d’une intervention chirurgicale, le patient est généralement sous anesthésie. Il existe plusieurs types d’anesthésie dont l’anesthésie générale, l’anesthésie locale, l’anesthésie locorégionale ou encore la sédation. Une autre méthode, moins courante et pourtant reconnue à travers le monde, s’invite cependant au bloc opératoire : l’hypnosédation. Initiée en 1992 par le Professeur Marie-Elisabeth Faymonville, Directeur du centre de la douleur et des soins palliatifs, et chef de service du département d'anesthésie-réanimation au Centre Hospitalier Universitaire de Liège, cette technique combine une anesthésie locale avec une hypnose et éventuellement l’administration d’antidouleurs.

L’hypnosédation peut être utilisée pour différents actes médicaux et compte de nombreux avantages. Ainsi, en plus d’éviter les effets secondaires et les complications d’une anesthésie générale classique, un patient opéré sous hypnose récupère mieux. De plus, il devient acteur de son intervention car, à l’aide de l’anesthésiste, qui l’aura préalablement questionné sur ses préférences, il s’évadera où il le souhaite, dans un univers imaginaire éloigné de la salle d’opération.

Cependant, cette méthode comporte tout de même certaines limites. Ainsi, elle n’est pas adaptée à tous les types d’opérations. Elle sera proposée pour des interventions courtes telles qu’on en rencontre en chirurgie thyroïdienne, en chirurgie du sein ou encore en chirurgie plastique ou abdominale, et même les chirurgies éveillées du cerveau. Par ailleurs, le patient qui souhaite subir une intervention sous hypnosédation doit jouer le jeu et ainsi se montrer volontaire et convaincu par la technique. Pour l’instant, cette méthode d’anesthésie n’est proposée que dans certains hôpitaux du pays, mais vu le franc succès qu’elle y remporte, elle pourrait se déployer dans d’autres établissements au cours des prochaines années.

Les aiguilles du bonheur

Pour certaines personnes, les aiguilles sont source d’angoisse et de peur, tant elles sont perçues comme de véritables objets de torture. Paradoxalement, pour d’autres, elles sont considérées comme des puissants antidouleurs et des antistress. En effet, les adeptes de l’acupuncture ne tarissent pas d’éloges quant à ses vertus et ses bienfaits. Certaines études cliniques tendent par ailleurs à démontrer leur efficacité sur l’organisme. Certains établissements hospitaliers l’ont dès lors adoptée et l’utilisent pour aider leurs patients.

Le Centre Hospitalier du Bois de l’Abbaye par exemple, utilise une technique dérivée de l’acupuncture appelée l’auriculothérapie. Les séances sont réalisées au sein du centre antidouleur de l’établissement. Le principe en est simple : de minuscules aiguilles sont insérées sur le pavillon de l’oreille et finiront par tomber naturellement, dix à quinze jours après leur pose. Considérée comme la représentation en miroir des organes, le pavillon auriculaire serait une zone étroitement liée au cerveau ainsi qu’au système nerveux central. La stimulation de cette zone pourrait ainsi permettre, de « traiter » certaines parties du corps et se révélerait très efficace pour atténuer les douleurs.

La « zen attitude »

La gestion du stress et de la douleur chez les patients est une problématique de taille à laquelle les équipes médicales sont constamment confrontées. Bien que les médicaments aident à soulager ces types de troubles, des méthodes différentes sont désormais adoptées en milieu hospitalier. Pour preuve, le Centre de Traumatologie et de Réadaptation (CTR) de l’Hôpital Erasme intègre, depuis deux ans maintenant, la sophrologie à la prise en charge de ses patients.

La sophrologie est une méthode de relaxation inspirée, entre autres, de l’hypnose et du yoga. Cette pratique vise à rééquilibrer le corps et l’esprit afin qu’ils s’harmonisent. Concrètement, cette pratique psychocorporelle repose sur la respiration associée à des mouvements, la détente musculaire et mentale ainsi que la visualisation d’images positives.  Au CTR de l’Hôpital Erasme, la sophrologie joue un rôle important dans l’accompagnement des patients. « La sophrologie peut agir à différents niveaux : la gestion de la douleur, du stress et des émotions, mais elle peut aussi aider à prendre conscience de son nouveau schéma corporel, se préparer à une nouvelle vie, accepter son handicap, etc. », explique Philippe Drabs, médecin interniste et sophrologue au CTR, sur le site de l’établissement. Une fois que les patients sont familiarisés aux techniques de la discipline, ils peuvent réaliser les exercices à chaque fois qu’ils en ressentent le besoin, notamment en cas de douleurs.

Il est désormais évident que nos institutions s’ouvrent peu à peu à ces pratiques différentes.  Pourtant, bien que ces méthodes de soins et d’amélioration du bien-être ne soient pas ou peu enseignées aujourd’hui dans les facultés de médecine occidentales et que leur efficacité thérapeutique soit contestée par d’aucuns, l’écho qui en est donné par ceux qui les pratiquent est qu’elles maximisent le bien-être des patients et répondent à leur envie de se réapproprier et de se recentrer sur leur propre corps ainsi qu’à leurs besoins accrus de contacts humains. Ces méthodes non conventionnelles ne constituent pas des alternatives à la médecine que nous connaissons mais doivent plutôt être considérées comme des approches complémentaires qui peuvent se révéler très utiles chez les patients réceptifs.

[1] Stratégie de l’OMS pour la médecine traditionnelle pour 2014-2023

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