MAHA 2021 : les hôpitaux belges ont du plomb dans l’aile !

En 2020, les établissements hospitaliers du pays ont dû composer avec la gestion de l’épidémie de la COVID-19. La prolongation de cette situation sanitaire sur plusieurs mois a eu impact conséquent sur leur santé financière pourtant déjà très éprouvée. La 27 e étude MAHA (Model for Automatic Hospital Analyses) de Belfius parue en décembre dernier fait le bilan d’une année financièrement compliquée. Amélie Goossens, conseiller économique de santhea, commente les résultats de cette dernière édition et les compare à ceux de l’enquête de santhea menée auprès des membres hospitaliers de la fédération.

Bis repetita

La 26e étude MAHA parue en 2020 se penchait déjà brièvement sur les finances des hôpitaux des six premiers mois de cette même année et mettait en évidence le manque à gagner, notamment dû à la forte réduction des admissions ainsi que des activités hospitalières en général couplée à un accroissement des diverses dépenses liées à la gestion de l’épidémie, dont ils ont souffert. Le nouveau rapport exclusivement centré sur les comptes de 2020 (mais intégrant tout de même le premier semestre de 2021) enfonce le clou et souligne que la suspension des activités non-urgentes imposée aux hôpitaux généraux par le gouvernement en mars 2020 a eu pour effet de faire diminuer les admissions classiques ainsi que les hospitalisations (chirurgicales) de jour de 18,2%. Résultat : le chiffre d’affaires des hôpitaux a baissé de 3,5% en 2020. « Pointons ici que le résultat de notre enquête réalisée auprès des hôpitaux membres de santhea donne un résultat bien plus négatif, puisque nous approximons à 10% la baisse du chiffre d’affaires entre 2019 et 2020 sur un échantillon de 21 hôpitaux. Ce pourcentage diminue à -14,2% lorsque nous comparons les premiers semestres et à -20,9% lorsqu’il est limité aux recettes d’honoraires[1] sur la même période (S1 2020 par rapport à S1 2019). »

Autre point critique, le recul de 22% (par rapport à 2019) des investissements bruts des hôpitaux généraux et académiques qui passent sous le milliard d’euros pour la première fois depuis plusieurs années. Ils se révèlent pourtant essentiels au développement et à l’amélioration continue des établissements hospitaliers d’ores et déjà confrontés aux défis futurs. « Il semble assez intuitif que la plupart des investissements soient reportés durant une telle période de crise. D’autant plus que certains secteurs, externes à l’hôpital, se sont retrouvés à l’arrêt et que les coûts de construction ne cessent d’augmenter. »

L’État fédéral à la rescousse

Pour pallier les problèmes financiers du secteur hospitalier, le gouvernement fédéral lui a octroyé une avance de trésorerie de deux milliards d’euros. Une aide bienvenue, mais sans doute insuffisante. « L’étude MAHA laisse présager que l’indemnisation fédérale aura suffi pour combler la baisse des activités de l’hôpital, or c’est difficilement imaginable puisque celle-ci ne couvre pas l’ensemble des sources de revenus habituelles. Les suppléments d’honoraires n’ont, par exemple, pas été compensés alors qu’ils font partie intégrante, dans le système actuel, des recettes des hôpitaux sur lesquelles ils comptent pour se tenir à flots. Les suppléments ont, par ailleurs, diminué proportionnellement plus que les autres sources de revenus étant donné l’interdiction de facturer des suppléments aux patients atteints de la COVID-19. Nous pensons par ailleurs que les deux milliards ne suffiront pas compte tenu de la prolongation des compensations jusque mars 2022 et de la sous-estimation des montants dus aux hôpitaux dans les premiers décomptes fournis par l’INAMI. Malgré ces différents éléments, l’étude met en évidence que le résultat courant 2020, tenant compte de l’avance comptabilisée par les hôpitaux, est supérieur à celui de 2019. Malheureusement, ce constat n’est pas valable pour toutes les régions du pays : les hôpitaux wallons et bruxellois connaissent une légère baisse de leur résultat courant. »

Un avenir en pointillés

Les premiers résultats de 2021 indiquent que, par rapport à 2019, les admissions classiques accusent une baisse de 9,9%. Notons que ce chiffre est de 12,5% pour les hôpitaux santhea sondés (même échantillon de 21 hôpitaux) lorsque nous comparons le 1er semestre 2021 au 1er semestre 2019. Cela prouve que l’instabilité due à la situation sanitaire continue à influencer négativement les hôpitaux belges. Nous pouvons donc légitimement nous poser la question de savoir si la crise sanitaire de la COVID-19 va porter le coup de grâce au secteur ou s’il parviendra malgré tout à s’en sortir… Amélie Goossens donne quelques perspectives. « Nous entrevoyons toujours d’après notre enquête, une hausse du chiffre d’affaires début 2021 (par rapport à 2020) qui revient lentement à son niveau d’avant la crise, pour certaines de ces composantes. Les montants liés aux parties variables du BMF[2] par exemple sont toujours inférieurs au niveau de 2019. Nous pouvons donc espérer que le secteur s’en sorte, mais cela ne sera pas sans séquelles. Le plus grand défi aujourd’hui, sans que la crise ne soit derrière nous, consiste à faire face à la pénurie de personnel. Nous saluons l’injection d’environ 1,2 milliards d’euros de la part du gouvernement destiné à renforcer le personnel dans les soins de santé. Malgré les moyens mis sur la table, il ne sera pas aisé de recruter du personnel médical et soignant dans les années à venir. Sans parler des autres défis d’envergure auxquels notre secteur va devoir faire face : la constitution des réseaux, l’évolution technologique, les développements IT, la gestion des ressources énergétiques, etc. »

[1] Comptes 707-Montant global prospectif et 709-Honoraires médecins, dentistes, personnel soignant et paramédicaux :

[2] Budget des Moyens Financiers

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