La médiation animale en maisons de repos (et de soins) : les bienfaits des animaux sur les aînés

En 2018, la Résidence La Kan située à Aubel présentait sa mini ferme aux journalistes de la RTBF. La complicité qu’entretiennent les résidents avec les poules, les lapins, les cobayes, les chiens et les chats de l’établissement transparait immédiatement, et le recours à la médiation animale, aussi appelée zoothérapie, sonne désormais comme une évidence. En juillet dernier, c’est la maison de repos et de soins « Vesale » qui décide de sauter le pas et d’accueillir un nouveau pensionnaire à quatre pattes répondant au nom de Sushi ! Nathalie Lonys, responsable du département paramédical de l’établissement, nous relate cette belle expérience et raconte comment ce gentil Golden Retriever a changé le quotidien des résidents.

Des compagnons de vie et de soins

Ce n’est un secret pour personne, les Belges sont particulièrement attachés à leurs animaux. Il est estimé que près d’une famille belge sur deux possède un animal de compagnie. Cependant, lorsqu’une personne rentre en maison de repos (et de soins), elle se voit dans l’obligation de s’en séparer, la présence d’animaux y étant généralement interdite. Cela dit, une forme de thérapie bien particulière s’immisce, depuis plusieurs années déjà, au sein des établissements pour ainés et permet ainsi aux résidents de (re)créer des contacts privilégiés avec ces adorables compagnons de vie.

Régulièrement, des chiens visiteurs viennent tenir compagnie aux résidents de la Maison Vesale. En plus d’apporter une dose de joie et de bonne humeur au sein de l’établissement, cette présence animale amicale permet surtout aux aînés de briser leur routine quotidienne. Les bénéfices de cette pratique sont tels que la Maison Vesale a décidé d’adopter un chien. « Au départ nous recevions déjà la visite de chiens via une ASBL trois fois par semaine, mais l’objectif était de pouvoir répondre au besoin des habitants à n’importe quel moment et surtout quand il se faisait ressentir, et ce y compris en dehors des heures de visite. Nous avons donc saisi l’opportunité de former des membres du personnel de Vesale à l’accompagnement canin, au travers d’un appel à projet de la Fondation Roi Baudoin qui concernait les bienfaits de la médiation animale en structure d’accueil. Notre projet a été retenu et nous avons reçu un budget de 3000 euros de la part de la Fondation. Nous avons donc formé cinq membres du personnel à la médiation animale, avec une attention toute particulière portée sur la polyvalence. Après cela, nous avons lancé les démarches pour acquérir un chien. »

Un habitant pas comme les autres

Lorsque qu’un établissement de soins fait le choix d’adopter un animal de compagnie, il se doit de prêter attention à plusieurs éléments dont certaines dispositions légales. En effet, il existe quelques restrictions, notamment en ce qui concerne l’hygiène : « Les chats par exemple ne sont pas autorisés car nous avons des cuisines dans toutes nos unités de vie, et d’un point de vue de l’hygiène c’est interdit. En revanche, pour le chien, nous avons bien reçu l’autorisation de l’Afsca, mais nous devons veiller à ne pas lui donner accès aux lieux de préparation des repas ainsi qu’aux lieux de stockage des médicaments des habitants. »

Une fois le type d’animal choisi, se pose alors la question de la race ainsi que de l’âge de celui-ci. Nathalie Lonys et son équipe ont fait le choix de se faire aider de professionnels en la matière pour répondre à ces questions. « Pour choisir la race ainsi que l’âge du chien, nous avons contacté l’ASBL Ethologia, et c’est Madame Sion qui nous a donné son point de vue sur le sujet. Elle nous a conseillé de prendre un chien plus âgé car l’éduction d’un chiot demande beaucoup d’investissement. Par ailleurs, elle nous a également conseillé de faire une demande pour acquérir un chien d’institution. Nous avons donc pris contact avec l’ASBL Dyadis, qui forme des chiens pour les personnes atteintes d’un handicap. »

Suite à ces conseils avisés et par un heureux concours de circonstances, Sushi, un jeune Golden Retriever arrive, le 8 juillet dernier au sein de la Maison Vesale. Initialement formé pour venir en aide aux personnes en situation de handicap, Sushi embrasse finalement une tout autre carrière, un peu plus paisible… « L’éducation d’un chien prend plus ou moins deux ans. Cependant, de temps en temps, les formateurs se rendent compte que le chien ne pourra pas être adéquat pour une personne à mobilité réduite, et ils l’orientent alors vers des institutions de type maisons de repos. Sushi par exemple est un chien qui n’a pas toujours envie de travailler. Il a un peu un côté rebelle et pataud mais dans le cadre d’une vie au sein d’une maison de repos, ce n’est pas un problème majeur. »

Bien que l’arrivée d’un chien au sein d’une maison de repos (et de soin) puisse être perçue comme une heureuse nouvelle, cet événement s’est pourtant révélé être une source de stress et d’angoisse pour certains résidents et membres du personnel de la Maison Vesale. Ainsi, la venue de Sushi à quelque peu inquiété certaines personnes. Heureusement, le Golden Retriever n’importune jamais personne et sait se faire discret quand il le faut. « Le projet a mis du temps à aboutir, car il a fallu rassurer les membres du personnel et surtout les personnes qui avaient peur des chiens. Nous leur avons bien expliqué que si elles ne souhaitaient pas avoir de contact avec le chien, nous le respecterions, que ce n’était pas imposé. Cela dit, Sushi aussi a la capacité de sentir, et il sent très vite, à l’attitude de la personne s’il peut y aller ou pas. Donc, si une personne a peur, il le sent et il n’y va pas. Dans tous les cas, je l’accompagne dans la majorité de ses déplacements et je sais qui a peur et qui n’a pas peur. Cela vaut également pour les habitants. Nous connaissons leur parcours de vie et clairement, les personnes qui ne veulent pas de sa présence, ce n’est pas imposé. Sushi ne va pas partout, il va chez les personnes qui le souhaitent et pour qui cela a un effet bénéfique. »

Désormais, le chien a pris ses marques et participe activement à la vie de l’établissement. Entre activités avec les habitants, pauses balade et formation, les journées de Sushi sont bien remplies. Nathalie Lonys, sa référente, ainsi que ses cinq collègues formés à la médiation animale, se sont répartis les rôles et Sushi semble l’avoir parfaitement compris. « Avec la pratique, nous nous sommes rendus compte que cinq personnes référentes pour Sushi, cela faisait beaucoup. Nous avons donc déterminé des rôles distincts pour chacune d’entre elles. Par exemple, la personne de l’administration gère tout ce qui est besoin en alimentation et matériel ainsi que les pauses pipi. La soignante, pour sa part, participe avec lui à l’activité des chiens visiteurs car ces chiens forment également Sushi aux activités de groupe. La kinésithérapeute et l’animatrice, quant à elles, le prennent seul et font des activités soit avec les résidents individuellement, soit en groupe. D’ailleurs, il les a très vite identifiées comme les personnes avec lesquelles il travaille le plus. Par contre, moi en tant référente, si je tombe malade par exemple, c’est une autre collègue, la coordinatrice nursing, qui prendra le relai. Elle le prendra chez elle et viendra travailler avec lui. Mais elle ne servira que de famille d’accueil. C’est vraiment un projet qui mobilise tous les membres du personnel de Vesale ! »

La magie des animaux

De nombreuses études scientifiques l’attestent, les animaux seraient bel et bien dotés des mêmes émotions primaires que nous. Ainsi, eux aussi sont capable de ressentir de la joie, de la peur, de la tristesse, de la colère, du dégoût ou encore de la surprise. Et cette faculté à ressentir les mêmes choses que nous ne serait pas notre seul point commun. En effet, tout comme l’Homme, ils seraient dotés de compétences relationnelles et pourraient ainsi faire preuve d’empathie. Pour preuve, dès son arrivée dans l’établissement, Sushi a su mettre ses talents relationnels à profit et les résultats sont bluffants. « Sushi a été accueilli avec beaucoup d’enthousiasme au sein de l’établissement. D’ailleurs, nous avons souvent été étonnés par l’attitude de certains habitants. Par exemple, des résidents qui ne parlaient pas du tout, parlent désormais à Sushi. D’autres qui étaient réticents à l’idée de participer aux activités de groupe, voire même à sortir de leur chambre, se mobilisent et viennent temps en temps d’eux même à la rencontre du chien, qui se trouve parfois quelques étages plus haut. Même si certains sont atteints de troubles phasiques et qu’ils ont donc du mal à entrer en communication avec les autres, en communiquant avec le chien, ils ne sont jamais mis en échec. Sushi réagit toujours de la bonne manière, au travers de ses nombreuses mimiques. Quand il va à la rencontre des gens, peu importe le stade de la maladie dans lequel ils se trouvent, il y va sans aucun apriori. » D’une manière plus générale, la thérapie assistée par les animaux renferme d’innombrables bienfaits. « Il y a plusieurs effets bénéfiques découlant de la pratique de la zoothérapie. Il y a tout d’abord des effets physiques et physiologiques qui ont été démontrés tels que l’abaissement de la pression artérielle ou encore la relaxation musculaire. Ensuite nous avons également des effets psychologiques avérés tels qu’une augmentation de la motivation et de l’activation, une stimulation du bien-être émotionnel, une amélioration de l’image de soi ainsi qu’un effet antidépressif. Enfin, par rapport aux effets sociaux, cette pratique permet, entre autres, l’élimination de la solitude et de l’isolement. Par ailleurs, il y a aussi l’aspect réminiscence car cela permet aux personnes de parler de leur vécu et de leur vie avant la maison de repos en abordant notamment le fait qu’ils ont eu des chiens par exemple. »

Aujourd’hui Sushi coule des jours heureux à la maison Vésale, et selon sa référente, prend de plus en plus de plaisir à venir travailler. Le Golden Retriever se destine donc à une belle et longue carrière au sein de l’établissement.

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