Clairs Vallons : un refuge pour les nouveaux parents qui sont à bout

L’arrivée d’un nouveau-né chamboule la vie de son/ses parent(s) et peut occasionner des moments difficiles à surmonter pour certains d’entre eux. Une naissance s’accompagne parfois de souffrances psychiques, mais elle peut aussi venir aggraver des fragilités préexistantes. Ces passages à vide compliquent l’instauration de liens d’attachement solides entre le(s) parent(s) et le bébé et ralentissent le développement de ce dernier. 

Le Centre médical pédiatrique des Clairs Vallons l’a bien compris et propose depuis 1999 à ces duos ou trios de rejoindre l’unité “Difficultés relationnelles parent(s)/bébé”. Ils peuvent y être hospitalisés de jour ou en résidentiel et bénéficier d’un soutien à la parentalité intensif. Les Clairs Vallons propose également une prise en charge ambulatoire de deux ou trois jours par semaine. 

“Nous accueillons les enfants de 0 à 3 ans et leurs parents lorsqu’ils présentent des difficultés relationnelles. Un parent peut par exemple rencontrer des difficultés psychiques ou avoir un trouble mental (dépression, anxiété, troubles psychologiques post-partum). Mais l’enfant peut également rencontrer un retard de développement, avoir des interactions difficiles ou des soucis de santé”, détaille Laure Vanderborght, pédopsychiatre et médecin responsable de l’unité. Elle précise toutefois : “Nous acceptons les parents et co-parents souffrant de difficultés psychiques, mais nous ne sommes pas habilités à recevoir ceux qui souffrent de troubles psychiatriques décompensés, plus graves, comme la schizophrénie par exemple. Nous les redirigeons vers les unités parents-bébé de la Ramée et de l’hôpital Saint-Jean avec lesquelles nous collaborons et qui sont spécialisées dans ces soins donnés aux adultes. Nous pourrons accueillir la maman et son bébé lorsque celle-ci sera stabilisée au niveau psychiatrique.” 

Distinguer baby blues et dépression post-partum 

Parmi les raisons d’admissions, on retrouve donc la dépression du post-partum, qui est à distinguer du baby blues. Alors que le baby-blues est une réaction due à la chute brutale des hormones progestatives, au stress, à la fatigue et peut durer jusqu’à 15 jours, la dépression post-partum, elle, est plus sévère et peut-être diagnostiquée à partir de deux semaines après l’accouchement. Elle nécessite des soins et peut durer jusqu’à un an. On estime qu’entre 15 et 20% des mères souffrent d'une dépression dans l’année qui suit la naissance de leur enfant (1). Ces dépressions post-partum peuvent également toucher les pères (2). “Souffrir d’une dépression post-partum, c’est risquer de ne pas être suffisamment disponible pour répondre aux besoins de son bébé qui, lui, est entièrement dépendant de ses parents”, explique Laure Vanderborght. 

Importance du lien d’attachement dans le développement de l’enfant 

La qualité de l’attachement entre les parents et le nouveau-né est primordiale. Elle permet en partie de déterminer le bon développement de l’enfant. Tisser un lien d’attachement de qualité avec l’enfant implique que ce dernier développe une confiance en l’adulte qui prend soin de lui et perçoit la réceptivité et la réactivité du parent en cas de besoin. Le nouveau-né construit alors ce que l’on appelle sa “sécurité affective”. Lorsqu’il se sent ainsi considéré et en sécurité, il développe (3) : 

• Ses capacités à s’exprimer, à voir, sentir, toucher… 
• Ses capacités à apprendre, à s’adapter aux nouvelles situations qu’il rencontre, à contrôler ses émotions. 

• Sa confiance en lui et sa capacité à nouer plus tard des relations stables et de qualité. 

Concrètement, il s’agit par exemple pour les parents de : prendre leur bébé dans les bras lorsqu’il pleure, s’intéresser et regarder ce qu’il nous montre du doigt, lui donner à manger lorsqu’il a faim ou encore sourire en retour lorsqu’il nous sourit. 

Un parent en détresse psychologique n’a parfois plus la force de répondre à ces demandes de l'enfant. Et s’il ne reçoit pas la possibilité d’être hospitalisé au côté de son petit, un parent risque d’éviter les soins pour rester à ses côtés. Cela aura bien sûr un impact important sur sa santé, mais aussi sur celle de son bébé. “Les interactions précoces jouent un rôle majeur dans le développement de l’enfant”, explique la pédopsychiatre. Elles sont primordiales pour la création de ces liens (4). En permettant une hospitalisation conjointe, et le parent et l’enfant peuvent recevoir les soins adéquats.   

Les infrastructures

Au centre médical pédiatrique Clairs Vallons, les parents et bébés sont reçus dans un cadre adapté qui se veut sécurisant et stimulant, toujours dans l’objectif de renforcer leurs relations.   

L’unité des Clairs Vallons compte 10 lits (1 lit = 1 bébé). Chaque enfant peut être accompagné par deux personnes, ce qui donne un total de 30 places d’accueil maximum. 

En moyenne, leur séjour dure quelques semaines, mais la durée s’adapte au cas par cas et peut aller jusqu’à un an, renouvelable une fois. 

L’accompagnement

Les enfants et leurs parents sont quotidiennement accompagnés par une équipe multidisciplinaire (psychiatre, pédopsychiatre, psychologues, pédiatre, puéricultrices, infirmières, psychomotricienne, art-thérapeute, assistante sociale). 

Difficile de décrire une journée type au sein de l’unité car “aucune ne se ressemble”, explique la psychiatre coordinatrice de l’unité. “Nous pouvons dire que les journées se composent en deux parties et sont conçues pour respecter le rythme des bébés. La première concerne les aspects du quotidien. Une infirmière est présente pour répondre aux demandes 24h/24 et 7j/7. La puéricultrice est, elle, présente tous les jours. Elles viennent soutenir les parents dans les soins de base, le jeu avec l’enfant, les repas ou encore la mise au lit. Un moment de crèche est proposé tous les matins et certains après-midi. Il ne s’agit pas d’une simple garderie : les enfants sont encadrés par l’équipe de soins, c’est une crèche thérapeutique. Ensuite, le second moment de la journée est prévu pour d’éventuels entretiens proposés aux parents avec les professionnels du centre. Nous organisons également des ateliers histoires, comptines, éveil musical et corporel ou art-thérapie pour les familles. Une demi-journée par semaine, nous proposons une activité qui se déroule à l’extérieur du centre”. 

Le travail mis en place entre les professionnels, le bébé et le(s) parent(s) vise donc avant tout à restaurer les compétences parentales de ce(s) dernier(s). Plus ce travail est entrepris tôt dans la vie de l’enfant, moins il aura de risque de développer des troubles psychologiques ou psychiatriques une fois devenu adulte.  

Vous souhaitez davantage de renseignements sur l’unité “Difficultés relationnelles parents-bébé” ? Contactez le Centre médical pédiatrique des Clairs Vallons à l’adresse suivante : info@clairsvallons.be 

(1) : 1 GAVIN, Norma I. et autres. “Perinatal Depression: A Systematic Review of Prevalence and Incidence”, Obstetrics & Gynecology, vol. 106, no 5, partie 1, novembre 2005, pg. 1071-1083. 

(2) : GLANGEAUD-FREUDENTHAL, Nine et Florence GRESSIER. “Accueillir les pères en périnatalité”. Éditions Érès, coll. “La vie de l’enfant”, 2017, 312 p. 

(3) : Le lien d’attachement parents-enfant : https://www.1000-premiers-jours.fr/fr/le-lien-dattachement-parents-enfant

(4) : Les 1000 premiers jours, https://www.1000-premiers-jours.fr/fr/les-1000-premiers-jours

Crédit photos : © Clairs Vallons